La Turquie et le Christianisme

Survol historique La terre actuelle de Turquie fut un des berceaux :

  • -de l'église primitive, depuis les apôtres
  • -de l'élaboration du contenu de la Foi chrétienne : les grands conciles
  • - des grandes Eglises: Arménienne, Chaldéenne, Syrienne, Grecque
  • -de la Théologie chrétienne : Pères de l'Eglise
  • - de la division des Eglises.

LA TURQUIE, UN BERCEAU DU CHRISTIANISME

Pour les chrétiens, la Turquie est (devrait être) la TERRE SAINTE tout autant que la Palestine ou Israël. Cela n'est pas un effet oratoire mai une réalité. Il suffit de s'appuyer sur les faits.

La terre actuelle de Turquie, un des berceaux de l'Eglise primitive

C'est à Tarsus, en Turquie, que sont nés Saint Paul, Saint Pierre, Saint Jean Evangéliste, Saint Luc, Saint Barnabé, Saint André, l'apôtre Saint Philippe, le diacre saint Philippe et ses filles, Sainte Marie de Magdala et la Vierge Marie elle-même vécurent sur cette terre turque!

C'est sur cette terre de Turquie que furent rédigés plusieurs textes du Nouveau Testament : plusieurs lettres de Saint Paul, les Evangiles, les lettres de Saint Jean. Une grande part des activités missionnaires relatées dans le livre des Actes des Apôtres s’est déroulée sur cette terre de Turquie. Rappelons: Antioche sur l'Oronte, Antioche de Pysidie, Iconium, Atalya, etc...

Rappelons également que les villes des sept assemblées (églises) chrétiennes mentionnées dans le livre de l'Apocalypse se situent en Turquie: Smyrne (Izmir), Pergame (Bergame), Thyatire (Akhisar), Sardes (Sarta), Philadelphie (Alasehir), Laocidée (Denizli) et Ephèse (Selçuk).

Parmi les témoins de l'événement Pentecôte à Jérusalem plusieurs venaient de Turquie : "Habitants de Mésopotamie, de Cappadoce, du Pont, d'Asie, de Phrygie.... Nous les entendons exprimer dans notre langue les merveilles de Dieu !..." -Acte 2/9, 11 -

C'est à Antioche sur l'Oronte que l'on emploie pour la première fois le nom de "chrétien" pour désigner les disciples de Jésus de Nazareth, le Christ. - Actes 11/26-

La terre actuelle de Turquie, un des berceaux de l'élaboration de la foi chrétienne

􀀹 Les sept grands conciles oecuméniques

- 325 le Concile de Nicée (Iznik).... Arianisme - 381 le Concile de Constantinople (Istanbul) Et chaque dimanche quand nous participons à l'Eucharistie, nous récitons ensemble le CREDO qui a été composé lors de ces deux conciles de Nicée et de Constantinople

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- 431 le Concile d'Ephèse.... Le monothéisme - 451 le Concile de Chalcédoine (Kadikoy) - 553 le Concile de Constantinople Il - 681 le Concile de Constantinople III - 787 le Concile de Nicée 11.......... Culte des icônes.

􀀹 Les grands théologiens et écrivains chrétiens

Les Pères de l'Eglise tels que St Ignace d'Antioche, St Polycarpe de Smyrne, les Cappadociens St Basile le Grand - 310-379, St Grégoire de Nysse - 335-394 et St Grégoire de Naziance - 330-390, St Jean Chrysostome de Byzance - 345-407, St Ephrem le syrien (de Nisibe- Nusaybin) - 306-373.

Mais aussi St Syméon le nouveau théologien, St Théodore le studite, Diodore de Tarse et Théodore de Mopsueste....

􀀹 Les grands saints

Dans les trois premiers siècles de l'Eglise des centaines de martyrs témoignèrent de leur foi chrétienne à Malatya, Anavarsa, Nicée, Nicomédie, Ephèse...

Dans le seul mois de février, nous pouvons célébrer 16 saints de Turquie:
- le 1er St Ignace, évêque d'Antioche (Antakya) - St Pione, martyr à Izmir avec 15 compagnons (250) - St Pierre la Galate, ermite (429).
- le 3 St Blaise et sept saintes femmes martyres à Sivas (316)
- le 4 St Théophile le pénitent à Adana (vers 538)
- le 5 Ste Théodule et ses compagnons martyrs à Navarsa (304) (Evagre, Boëce, Macaire)
- le 6 Ste Dorothée, martyre à Kayseri (fin 3e siècle) -le 9: St Romain le thaumaturge à Antakya (5e siècle)
- le 10 St Charalampe et ses compagnes martyres à Yalvaç (202) (Porphyre, 3 femme
- le 12 St MéJèce de métylène (MaJatya) évêque d'Antioche (381durant le concile)
- le 13 St Polyeucte, martyr à Eski Malatya (250)
- le 14 St Auxence, higoumène au Mont Axia de Kadikoy
- le 16 Ste Julienne martyre à Izmit (305)
- le 19 St Rabulas, ermite à Istanbul (530)
- le 21 St Thimotée, ermite à Uludag Bursa (9ème siècle)
- le 23 St Polycarpe, évêque martyr à Izmir (155)
- le 26 St Nestor, évêque de Magydos, et ses compagnons martyrs à Pergé (250)
- le 28 St Nymphas, compagnon de St Paul, martyr à Laodicée (Denizli) (coI.4/15), St Abercius, évêque de Hiérapolis (Pamukkale) (2ème siècle)

La terre actuelle de Turquie, berceau de grandes Eglises

􀀹 L'Eglise Orthodoxe

L'Empereur Constantin fonda la ville de Constantinople en 330. "Nouvelle Rome", rapidement elle devînt le premier patriarcat d'Orient, et le foyer d'un christianisme rayonnant. C'est dans cette Eglise que s'élabore le rite qui est aujourd'hui celui de près de 200 millions de chrétiens de rite byzantin. L'ensemble des Eglises reconnaît au patriarcat de Constantinople une primauté d'honneur (SS Bartolomeos I).

La communion entre l'Eglise de Rome et l'Eglise de Constantinople fut rompue lors du grand schisme de 1054. Longtemps, leurs différences légitimes furent considérées comme d'insurmontables divergences.

􀀹 L'Eglise Assyro Chaldéenne

Cette Eglise débute son existence avec St Thomas Apôtre. A partir du 2ème siècle c'est l'évangélisation de l'Osroëne (région d'Edesse - Sanli Urfa) et c'est la naissance de l'Eglise d'Orient (avec de nombreuses légendes).

Née en dehors de J'empire romain, cette Eglise très ancienne a évolué de façon autonome et, à vrai dire, de façon originale.

En 286, le zoroastrisme devient religion d'état dans l'empire perse des Sassanides. Le christianisme est perçu comme la religion de l'ennemi (empire romain byzantin). D'où de violentes persécutions.

Mais c'est aussi l'époque des grands écrivains poètes : Aphraate "le Sage Persan" (écrit vers 336-345) et le diacre Ephrem à Nisibe (Nusaybin) et à Edesse (Sanli Urfa).

Cette Eglise garde l'araméen pour la célébration du culte (écriture "serto") A partir du Concile d'Ephèse en 4311 le vocabulaire théologique n'est ni compris, ni accepté, et c'est la séparation avec Rome.

Bien que persécutée, cette Eglise fut très missionnaire: Eglise Malabare, Syro-Malabare et jusqu'en Chine. Cette expansion du christianisme par l'Eglise d'Orient s'éteint lentement à partir de l'avènement des Ming (1368-1644) et les conquêtes de Tümür Leng (Tamerlan "le boiteux).

Sous l'influence des occidentaux, un groupe issu de cette Eglise devient catholique : les Chaldéens (langue araméenne, syriaque orientale: écriture "estranguilo") Puis, à partir des remous du Concile de Chalcédoine en 451, il y a de nouvelles oppositions contre Rome-Byzance, causées par le langage théologique de Chalcédoine et la politique oppressive de Byzance-Constantinople. C'est le cas de l’Eglise dite « de Syrie ».

􀀹 L'Eglise dite « de Syrie »

Elle prend son indépendance sous l'impulsion de Jacques Bar Addai (Barian=guenille), grand prédicateur pauvre. D'où le nom de "Jacobite" donné à cette Eglise par les occidentaux. Cette Eglise préfère néanmoins se nommer "l'Ancienne" - "Kadim". Son patriarcat se trouva longtemps à Deyr ul Zafaran (sud-est de la Turquie).

Au XVIe S, sous l'action de missionnaires occidentaux, le mouvement catholique vit le jour. En 1781, un évêque de cette tendance fut élu patriarche "catholique". Une partie des fidèles et du clergé suivirent.

􀀹 L'Eglise Arménienne

La tradition fait remonter l'évangélisation de l'Arménie aux apôtres Barthélemy et Thaddée. Mais le "père de l'Eglise arménienne" reste St Grégoire l'Illuminateur (260-326) qui convertit le roi Tiridate et substitua le christianisme aux cultes païens sur' tout le territoire.

Les descendants de Grégoire, surtout son arrière petit fils Nerses, continuèrent son oeuvre. Sous le patriarcat de Sahak, fils de Nerses, fut créé un alphabet arménien. L'évangélisation des campagnes s'intensifia, et une littérature arménienne vit le jour. Ce 5ème siècle fut également l'âge d'or de J'art arménien.

En 551, un siècle après le Concile de Chalcédoine, l'Eglise arménienne rejeta ce concile et adopta la doctrine dite "monophysite".

Partagée par les invasions et dominations, l'Arménie se dédoubla en Arménie orientale avec son patriarcat à Etchmiadzine (1441), et en Arménie occidentale en Cilicie, avec son patriarcat à Sis. En 562, un certain nombre d'évêques étaient restés chalcédoniens. Il semble bien que dans l'Eglise arménienne il y eu toujours des évêques et des prêtres, sinon unis à Rome, du moins catholiques de coeur. Les relations furent plus fréquentes dans la "Petite Arménie" (Cilicie).

LE CHRISTIANISME EN TURQUIE AUJOURD’HUI

Habituellement, il est dit et il est écrit que sur une population de 72 millions d'habitants, il n'y a pas plus de 100 000 chrétiens appartenant à des Eglises officielles en Turquie.

􀀹 Les Eglises non catholiques

L'Eglise arménienne apostolique - L'Eglise syrienne jacobite « kadim » - L'Eglise orthodoxe grecque (patriarcat oecuménique) - L'Eglise anglicane - L'Eglise orthodoxe de Turquie - L'Eglise orthodoxe bulgare - L'Eglise évangélique allemande - Les Eglises dites "protestantes".

􀀹 Les Eglises catholiques

- Les Eglises orientales : arménienne, syrienne, Assyro-chaldéenne, gréco-catholique, maronite
- L'Eglise latine (improprement appelée "romaine")
Toutes ces Eglises ont leur hiérarchie propre (sauf les Byzantino grecs et les Maronites).
Les responsables de ces Eglises se réunissent en une seule Conférence Episcopale de Turquie (la C.E.T).

Actuellement on ne compte pas plus de 24 000 catholiques en Turquie, principalement à Istanbul, ensuite à Izmir et dans le sud-ouest de la Turquie (Iskenderun, Mersin, et Antakya).

Pour les catholiques latins, il y a trois grands diocèses (un archidiocèse et deux vicariats: Izmir, Istanbul et en Anatolie. Chacun a un évêque à sa tête).

Source : Mgr. François YAKAN, vicaire patriarcal chaldéen de Turquie Octobre 2006